Une journée sans portable

24 heures sans téléphone

Comme beaucoup de gens, j'aime me ressourcer dans la nature, et c'est en montagne que je me sens le mieux. Il y a quelques temps, je suis partie en week-end avec des amis et nous avons passé une journée sans nos téléphones. Je reconnais qu'au départ, l'idée m'a paru farfelue mais ne me considérant pas comme une accro du téléphone je me suis laissée tenter...

Au lever;

A peine les yeux ouverts, je cherche mon téléphone; premier réflexe instinctif de la journée. Je n'ai pas de montre et en allant me coucher hier soir, je n'ai pas pensé à avoir un réveil, l'habitude d'avoir toujours mon téléphone près de moi. 

Je me sermonne en me houspillant que j'aurais dû être plus organisé quand je réalise que je n'aurais pas non plus de musique pour bien me réveiller. Je ne suis pas Mademoiselle-ne-m'adressez-pas-la-parole-tant-que-je-n'ai-pas-bu-mon-café mais bien Mademoiselle-ne-m'adressez-pas-la-parole-tant-que-je-n'ai-pas-écouté-au-moins-trois-de-mes-morceaux-favoris. Comme je vous l'expliquais dans un précédant post, j'ai besoin d'oxygène ET de musique pour fonctionner correctement.

C'est donc un peu ronchonne à l'idée de passer ma journée sans musique que je descends prendre mon petit déjeuner. Par chance, mon bourreau va se transformer en sauveur, Cécilia l'instigatrice de cette journée sans nos téléphones, qui ne me connait que trop bien et sait à quel point je ne peux pas vivre sans musique, me prête un baladeur K7 aussi vieux que moi. Je ne fais pas la fine bouche, et savoure d'avoir un peu de musique. OUF! Je suis sauvée mais je réalise que depuis que j'ai un iphone, je n'ai plus utilisé de baladeur autre que celui présent dans mon téléphone.
Très vite, il apparaît que je ne suis pas la seule à chercher mon téléphone par simple réflexe et non pour un réel besoin. On décide alors, pour mieux gérer cette journée sans nos téléphones, qu'on devrait passer la journée dans la nature; loin de la technologie, la tentation sera moins forte. Pendant que certains préparent le pique-nique, d'autres s'organisent mais dans ce laps de temps, j'ai cherché mon téléphone plusieurs fois par habitude, par ennui et pour savoir l'heure.

Pendant la balade;

Les premiers moments de notre randonnée sont agréables, l'air est frais juste ce qu'il faut, le soleil présent mais pas trop brûlant. Quand nous arrivons dans une clairière, je fouille frénétiquement dans mon sac, à la recherche de mon téléphone, pour prendre une photo. Comme pour la musique, depuis que j'ai un iphone, je ne prends plus de photos qu'avec mon téléphone. Et quand j'entends à ma droite, l'appareil photo de Cécilia se déclencher, je réalise mon erreur. J'aime la photographie mais mon dernier appareil photo date d'au moins dix ans et je n'ai jamais pensé à en acheter un autre, toujours en me contentant de mon téléphone.
Face la beauté de la clairière, je m'oblige à mémoriser chaque détail qui fait que mes yeux ont été captivés. Les rayons du soleil dans les feuilles, la légère brise qui fait bouger les fines branches des arbres, les ombres dansantes au sol. Et forcée de constater, que si j'avais eu mon téléphone, je n'aurais jamais pris autant de temps à contempler le paysage. J'aurais attrapé mon téléphone, pris une photo et en moins d'une minute j'aurais recommencé à avancer. 
Plusieurs fois encore, je vais chercher mon téléphone, pour l'heure, pour la musique, pour une photo ou par panique parce que je ne le sens pas dans ma poche. Ma seule consolation est que je ne suis pas la seule à avoir ces réflexes et je commence à revoir mon jugement sur mon statut d'accro du téléphone.

Au dîner;
La fatigue de cette longue balade fait que je cherche beaucoup moins mon téléphone et prend plus le temps de faire attention aux conversations et à mes amis. Comme pour les paysages de la forêt, je m'oblige à me souvenir de certains détails, leurs rires ou sourires à une blague peu drôle, l’ardeur de leurs convictions quand la discussion prend un tournent plus politique, ou encore la douce mélancolie dans leurs yeux quand on évoque des souvenirs lointains.
Et l'idée que je n'aurais peut-être pas fait autant attention à ses détails si j'avais eu mon téléphone, me traverse plusieurs fois l'esprit.


Le lendemain matin;
L'heure du bilan : trois appels manqués, un message vocal, dix-huit mails & trois textos. Et la joie d'avoir tenu le challenge jusqu'au bout.

Je suis heureuse et fière de faire partie de la génération connectée. L'idée de pouvoir en un clic, partager mes coups de cœur et coups de gueule ou ce que je fais avec mes proches comme des inconnus me plait énormément. Il suffit maintenant de quelques secondes pour envoyer un message à l'autre bout du monde, cette vitesse et cette rapidité sont grisantes pour moi. Mais après cette journée, je reconnais que dans un monde où tout s'accélère, il faut parfois savoir prendre le temps de ralentir, pour mieux apprécier le moment présent. 

Article & photo : Emma