13 avr. 2016

Trois jours au coeur du festival de musique classique "Ma Vigne en Musique" à Narbonne




Samedi dernier, au palais des archevêques de Narbonne, dans la salle des consuls s’ouvrait la première édition de “Ma vigne en Musique”. Vous avez manqué ça? Vous avez envie de revivre ce moment ou de vous glisser dans les coulisses de cet événement? Suivez moi, je vous amène au cœur de ce festival unique dans la région. 


Tout commence jeudi à 18h, par un rendez-vous avec Cyril Guillotin pour parler de ce festival qui lui tient tout spécialement à cœur. Pour ceux qui ne le connaîtraient pas encore, Cyril Guillotin est un pianiste concertiste, faisant partie de la génération montante des musiciens classiques. Installé depuis quelques temps à Narbonne, il enseigne au conservatoire de la ville. En décembre dernier, il donnait un concert au théâtre de Narbonne, et nous étions là. 

Il arrive en même temps qu’un véhicule utilitaire qui me semble bien trop petit pour contenir les trois pianos prévus pour le festival : un grand piano moderne Steinway&Sons de 2015 et deux pianos anciens, un Erard 1894 et un Pleyel 1843.  Pourtant les trois pianos sont bien dans cet unique véhicule et pendant qu’on les décharge et les installe, Cyril Guillotin me parle sans détour de son festival. 

 

 

Ma vigne en Musique” a été pensé et conçu pour être un événement majeur dans la région ; permettre de redécouvrir le patrimoine audois à travers la musique, offrir un autre regard sur la richesse culturelle de notre département et amener la musique au plus prés du public, loin des grandes salles et des grandes villes, en choisissant des lieux de concert atypiques tels que les campagnes ou les vignobles, d’où le nom du festival

Par cet événement, Cyril Guillotin veut développer un nouveau type de tourisme unique en son genre : proposer un voyage pour les sens en alliant l’art de la table et la musique dans un cadre d’exception grâce au soutien de la mairie de Narbonne qui a encouragé ce projet, notamment par la venue des trois pianos et du château de Pech-Céléran qui sera le premier lieu, hors Narbonne, à accueillir le festival. “Ma vigne en Musique” veut s’inscrire dans le temps pour faire croître et rayonner notre belle région.

Retour à la salle des consuls où les pianos sont installés et où la répétition va pouvoir commencer. Essai des lumières, test du micro.  Cyril Guillotin s’installe devant les pianos pour vérifier que le voyage n’a pas abîmé ou désaccordé les instruments. On comprend vite à travers ses mots et ses gestes, que les pianos sont comme des créatures, elles respirent et s’expriment à leur manière. Les premières notes résonnent et sans être un expert, on peut facilement entendre les différentes sonorités qu'offrent ces pianos. 



Le Steinway&Sons, le plus contemporain des trois, est d'une intensité remarquable et dans chaque note on peut sentir sa puissance et toutes les possibilités qu'offre un tel instrument, enrichi par sa modernité. L'Erard, plus petit, dégage des sons plus doux, plus humains, mais d'une force importante. Enfin le Pleyel, encore plus petit, cache son potentiel dans la durée que tient chacune de ses notes. Ces trois pianos sont des bouts d'histoire et montrent l'évolution de la musique à travers le temps. Allier et opposer la modernité du Steinway&Sons avec le passé du Pleyel, conçu par Chopin, donne à ce festival une approche unique et exceptionnelle. 




Dès qu'il change de piano, Cyril Guillotin prend le temps de m'expliquer comment il doit adapter sa façon de jouer et ce qu'il aime sur chaque instrument.  
Quelques réglages seront nécessaires pour l'ouverture du festival, qui aura lieux le lendemain en fin de matinée.

De Mozart à Beethoven, en passant par Schumann et Chopin, les minutes s'écoulent et je ne vois pas le temps passer. Au début, je n'ose pas m'approcher de la scène, un peu intimidée et ne voulant pas gêner. Je décide d'observer, d'écouter, de m'imprégner du lieu, des pianos, de la musique. Mais ma curiosité est trop forte, l'occasion bien trop belle, je m'approche pour observer l’intérieur des pianos. La conception de ces instruments me fascine, surtout celle du Pleyel. Ce piano voulut par Chopin est une relique du passé, qui me touche plus que les deux autres. Ce piano n'étant pas une pièce de musée, il a été abimé plusieurs fois mais toujours restauré avec soin, dans les matériaux d'origine.     




La répétition se poursuit jusque tard dans la nuit. L'intensité de la musique est si forte que quelques pierres s’effritent des murs de la salle des consuls. "C'est Beethoven qui est parmi nous." plaisantera Cyril Guillotin, je ne sais pas si Beethoven était vraiment là mais chaque note jouée sur chaque piano envahit la pièce, la gonfle d'émotion à tel point, que sans le vouloir, ma respiration se calque sur la musique. 

Cyril Guillotin décrit les morceaux les plus intenses et le plus rythmés comme une chevauchée sur le dos d'un lion. Pour ma part, je décrirai mes sensations comme celle d'une course effrénée à travers un bois. Mes pas suivant l'intensité de la musique, accélérant au même rythme que la mélodie, ralentissant avec les notes plus douces et repartant de plus belle quand la musique se fait plus révoltée.  
A 22H, la répétition prend fin, les pianos sont prêts pour le lendemain. 



A travers "Ma vigne en Musique", Cyril Guillotin veut toucher le public le plus large, pour faire découvrir son art au plus grand nombre. Alors c'est tout simplement, qu'il a choisi d'ouvrir la première édition de ce festival avec 160 enfants des écoles primaires narbonnaises.  

Un peu intimidés et ne sachant pas trop à quoi s'attendre, les enfants s'installent calmement et écoutent religieusement Cyril Guillotin qui leur explique dans des termes simples mais précis les caractéristiques des trois pianos. Loin d'être un cours magistral, le pianiste fait participer les enfants en leur posant des questions et en les invitant sur scène à voir les pianos de plus près. En quelques notes, les enfants sont conquis, et certains resteront après la représentation pour revoir les pianos et jouer quelques accords. 

 
 

Le lancement du festival au grand public ne se fera que samedi en fin d'après-midi par un concert gratuit et se poursuivra par un récital "Chopin" donné par Jean-Marc Luisada au château de Pech-Céléran à Salles d'Aude, dimanche à 17h sur réservation.

Samedi, le public est présent au delà des attentes, l'entrée sera malheureusement refusée à certains curieux tant la salle se remplit rapidement. Le récital se déroule d'une main de maître. Cyril Guillotin propose des extraits commentés de son dernier album "Helldunkel - Clair Obscur". On y retrouve des morceaux de la plume de Mozart, Beethoven, Schumann et Chopin joués sur les différents pianos. Le public ravi aura droit à un rappel, avec un morceau de Casse-Noisette. Une séance de dédicaces était même proposée à la fin du récital.

  
 


Dimanche, le public est de nouveau très présent, forçant les organisateurs à ajouter des chaises à la dernière minute, malheureusement encore, il faudra restreindre l'accès par manque de place. 


Cette fois-ci, c'est Jean-Marc Luisada qui "remplace" Cyril Guillotin pour donner un récital exceptionnel spécialement consacré à Chopin. Mais les deux hommes s'uniront pour un quatre mains de Schubert extraordinaire et très intense qui fermera cette première édition de "Ma vigne en Musique".

Cyril Guillotin confiait "être très heureux de cette réussite et de tout l'enthousiasme que les gens nous retournent. Il y a une demande très forte et nous avons essayé modestement de participer à sa satisfaction. Les choses se sont déroulées au-delà de nos espérances et prévisions, et c'est bien grâce au courage et au dynamisme indéfectible de mes partenaires au premier rang desquels la Ville de Narbonne et le Château Pech-Céleyran de la famille Saint-Exupéry. Car la route pour créer un évènement comme "Ma Vigne en Musique" est longue, difficile, parfois périlleuse, et nous n'y avons pas croisé que des bonnes volontés ou des gens courageux. C'est donc très ému que j'ai vu éclore ce beau bébé que nous préparions depuis plus de deux ans."



Tout au long de ce week-end musical, Cyril Guillotin & Jean-Marc Luisada ont offert des moments uniques et incroyables aux spectateurs de ce premier festival. Par un taux de remplissage au delà des 100%, la première édition de "Ma vigne en Musique" est un franc succès qui sera porteur et prometteur pour l'année prochaine.

                                                                          



 Ecrit par Emma
Narbonnaise depuis toujours, passionnée d'Art.
Je suis éditrice et critique littéraire.


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4 commentaires:

  1. Super reportage! je n'y étais pas, je devais faire la sieste surement !!! Un des participants m'en a parlé et j'ai raté un grand moment. C'est super d'avoir des infos sur ce qui s'est passé dans la ville. du coup c'est comme si on y était.

    Lavallière

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    1. Bonjour! Merci beaucoup! J'ai essayé au mieux de retranscrire mes sensations et le déroulement du festival! Nous avons passé de bons moments!
      Encore merci pour votre commentaire.

      -- Emma*

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  2. Cyril Guillotin est surprenant par ses magnifiques interprétations et par sa façon de partager sa passion de la musique ... un vrai régal. Ceux qui ne connaissent pas la musique classique ou ne l'apprécient pas en son contact ne peuvent que changer d'avis et en redemander.

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    1. Bonjour! Je suis entièrement d'accord. Cyril Guillotin est un excellent pédagogue pour les initiés ou non de la musique classique. On prend un réel plaisir à le voir jouer et sa passion pour la musique est très palpable dans chacun de ses mots ou gestes.
      Merci pour ce chaleureux commentaire!

      -- Emma*

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